CANCER COLORECTAL

fichier-programme-quelles-activites-agricoles-sont-liees-au-risque-de-cancer-colorectal-dans-agrican-14052025112615.jpg
Publié le : 01/06/2022

Qu’est-ce qu’un cancer colorectal ?

Le cancer colorectal se développe à partir des cellules qui tapissent la paroi interne du côlon ou du rectum. Il existe plusieurs localisations : côlon droit, côlon gauche, rectum. Ces cancers se développent souvent à partir de tumeurs bénignes (polypes) qui évoluent lentement vers une forme cancéreuse. Pour les détecter plus précocement, un programme national de dépistage organisé est proposé tous les deux ans depuis 2010 aux hommes et aux femmes de 50 à 74 ans. Le taux de participation au dépistage organisé était de 35% en 2020. La participation est en hausse par rapport aux années précédentes mais est encore très insuffisante.

Quelle est la fréquence du cancer colorectal et quels sont les facteurs de risques connus ?

Le cancer colorectal est un des cancers les plus fréquents. C’est le 3ème chez les hommes, le 2ème chez les femmes après le cancer du sein. C’est également la 3ème cause de décès par cancer pour les deux sexes. Comme la plupart des cancers, son risque augmente avec l’âge. Parmi les facteurs de risque connus figurent le tabagisme, la consommation d’alcool, le surpoids et l’obésité, le manque d’activité physique, certaines pathologies comme les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, une alimentation riche en viande rouge et de charcuterie et pauvre en fibres, fruits et légumes. 

Qu’apporte AGRICAN à la connaissance de ce cancer ?

Nous avons identifié 2 609 cas de cancer colorectal entre l’inclusion et le 31 décembre 2017 dont 972 cancers du côlon droit, 689 cancers du côlon gauche et 898 cancers du rectum. Chez les femmes, le cancer du rectum est moins fréquent que dans la population générale (-17%), chez les hommes, le cancer du côlon est moins fréquent que dans la population générale (-13%). Mais les résultats mettent en évidence certaines expositions agricoles associées à un surrisque de cancer colorectal.

Elevage : Les personnes travaillant dans l’élevage de chevaux présentaient un risque globalement augmenté de 18%. Notamment si cette activité professionnelle était de longue durée, ou si le nombre de chevaux constituant l’élevage était élevé. Par ailleurs, une augmentation modérée du risque était observée pour l’élevage de volailles (+8%), de cochons (+8%) et de moutons ou chèvres (+5%).

Cultures : Le risque était plus élevé chez les personnes travaillant dans la culture de tournesol (+23%) et des légumes en plein champ (+18%). Certaines cultures (blé/orge, pommes de terre, arbres fruitiers) étaient surtout associées à une hausse du risque de cancer du côlon gauche (+30 à +40%).

Exposition aux Pesticides : L’application d’insecticides dans les élevages de chevaux était liée à une augmentation du risque (+25%). Les personnes utilisant des pesticides dans les champs de tournesol avaient un risque de cancer du côlon droit augmenté (+75%). Enfin, le risque de cancer du côlon gauche était augmenté de 72% pour les arboriculteurs appliquant des pesticides.

Différences hommes/femmes : Le cancer colorectal touche un peu plus souvent les hommes que les femmes, nous avons donc mené des analyses spécifiques pour chacun des sexes.

- Chez les hommes : Le risque de cancer du côlon gauche augmentait chez ceux cultivant des pommes de terre ou travaillant en arboriculture. Une augmentation de risque de cancer du côlon droit était observée chez les éleveurs de cochons, les cultivateurs de prairies, de tournesols, de colza et chez les viticulteurs. Enfin, le cancer du rectum était plus fréquent chez les cultivateurs de tabac

- Chez les femmes, le risque de cancer du côlon gauche était plus élevé chez celles désinfectant les bâtiments d’élevage porcin, ou pratiquant le semis de blé/orge ou maïs ou encore le traitement de semences de maïs. Le risque de cancer du côlon droit était plus élevé en cas de cultures sous serres. Enfin, le risque de cancer du rectum était plus élevé chez celles désinfectant les bâtiments d’élevage de moutons ou de chèvres.

Ces résultats sont-ils en accord avec la littérature ?

Jusqu’à présent, les études montraient souvent une incidence plus faible du cancer colorectal chez les agriculteurs par rapport à la population générale. On peut expliquer cette différence par des habitudes de vie différentes chez les agriculteurs. Notamment une alimentation plus saine, moins de tabagisme et davantage d’activité physique.

Par ailleurs, les données d’une étude de cohorte similaire à AGRICAN aux Etats-Unis a mis en évidence un excès de risque chez les éleveurs de volailles. D’autres études ont également retrouvé des associations liées à l’exposition aux pesticides. Ainsi, des articles scientifiques ont déjà montré des associations entre le cancer colorectal et plusieurs pesticides spécifiques (métolachlore, chlordane, chlorpyriphos). D’autres hypothèses sont étudiées pour expliquer les augmentations de risques observées chez les agriculteurs. Parmi elles, l’exposition aux endotoxines, à des virus animaux ou à des fumées des moteurs diesel.

Enfin, les différences de résultats obtenus entre les hommes et les femmes pourraient s’expliquer par différents facteurs. Des facteurs biologiques (comme la façon dont le corps réagit ou élimine les substances toxiques). Ou des différences de pratiques de leurs activités (type de tâches, port d’équipements de protection individuelle).

Pour en savoir plus :

- Talibov M, Tual S, Morlais F, Meryet-Figuière M, Boulanger M, Bouvier V, Perrier S, Clin B, Baldi I, Lebailly P; AGRICAN group. Colorectal cancer among farmers in the AGRICAN cohort study. Cancer Epidemiol. 2022 Jun;78:102125.


CONTACTEZ-NOUS
Numero Vert Agrican Web

Du lundi au vendredi, de 9h à 12h30 et de 13h30 à 17h