CANCERS DE L’OVAIRE

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Publié le : 01/02/2024

Qu’est-ce qu’un cancer de l’ovaire ?

Les ovaires font partie de l’appareil reproducteur féminin, ils sont reliés à l’utérus par les trompes de Fallope. Les deux fonctions principales des ovaires sont de produire des ovules, et des hormones pour réguler la reproduction et le développement des caractères sexuels. Ils peuvent être le siège de cancers, qui sont susceptibles de se développer au niveau de la couche externe, mais aussi au niveau de l’intérieur, là où se forment les ovocytes ou encore sur le tissu de soutien des ovaires.

Quelle est la fréquence du cancer de l’ovaire et quels sont les facteurs de risque connus ?

En France, on estime à environ 5 000 nouveaux cas de cancer de l’ovaire chaque année. Le risque augmente avec l’âge, surtout après 40 ans, pour atteindre un pic vers 75 ans. D’autres facteurs de risque ont été identifiés, comme l’exposition à l’amiante ou la prise de certains traitements hormonaux utilisés lors de la ménopause. Il existe très peu d’études sur le lien entre les expositions professionnelles et le cancer de l’ovaire (excepté pour l’amiante), en particulier en milieu agricole.  

Qu’apporte AGRICAN à la connaissance de ce cancer ?

Entre l’inclusion dans la cohorte et la fin de l’année 2017, 262 cas de cancer de l’ovaire ont été recensés parmi les participantes d’AGRICAN. A ce jour, l’incidence observée dans la cohorte ne diffère pas de celle de la population générale (estimations d’incidence de 2015), mais un suivi dans les prochaines années permettra de confirmer ou pas ce constat sur un plus grand nombre de cas. Nous avons conduit des analyses en prenant en compte les caractéristiques des activités professionnelles agricoles exercées par les femmes avec un suivi d’environ 10 ans. Les résultats principaux sont les suivants :

- Un excès de risque de 9% de cancer de l’ovaire a été mis en évidence chez les femmes élevant des porcs, en particulier si l’exposition avait lieu pendant la puberté. Le risque doublait chez celles élevant plus de 15 porcs, notamment si elles réalisaient des soins des animaux ;

- Les éleveuses de plus de 45 volailles présentaient un risque accru de 45% ;

- Le traitement de semences et tubercules, en particulier sur pommes de terre ou sur betteraves, multipliait le risque par 2 ;

- Le travail en arboriculture et dans la culture de blé/orge semblait également augmenter le risque de cancer de l’ovaire, en particulier pour les durées d’exposition inférieures à 20 ans.

Focus sur les expositions aux herbicides triazines : Dans les années 1980, des études scientifiques ont mis en évidence un lien possible entre l’exposition aux herbicides triazines et le cancer de l’ovaire. Nous avons donc exploré cette hypothèse dans AGRICAN.

A partir de la fin des années 1950, une dizaine d’herbicides triazines ont été autorisés en France. La molécule la plus ancienne, et également la plus connue est l’atrazine, utilisée principalement sur le maïs mais aussi, dans une moindre mesure en viticulture et en arboriculture, jusqu’à son interdiction en 2003. D’autres molécules comme la simazine (autorisée de 1960 à 2003) étaient aussi utilisées en viticulture et en arboriculture. De nombreuses molécules de cette famille d’herbicides ont été interdites depuis, mais certaines sont encore autorisées actuellement comme la terbuthylazine ou le métamitrone.

Les femmes de la cohorte étaient très peu nombreuses à déclarer utiliser elles-mêmes des pesticides (13%), ce qui signifie que peu d’entre elles ont été exposées directement aux triazines. Environ 1 600 femmes (3%) étaient exposées directement à ces herbicides, dont seulement 2 ont eu un diagnostic de cancer de l’ovaire. Pour mieux évaluer le risque, nous avons donc estimé en plus, une exposition indirecte aux triazines. Celle-ci concernait les femmes travaillant dans des cultures où l’atrazine, la simazine ou la cyanazine étaient autorisées pendant leur période d’activité. Elles avaient pu être exposées indirectement via le contact des végétaux traités. Nos analyses n’ont pas montré d’augmentation du risque de cancer de l’ovaire chez les femmes exposées indirectement à ces trois triazines par rapport aux non exposées.

Ces résultats sont-ils en accord avec la littérature ?

A ce jour, aucun excès global de cancer de l’ovaire n’a été observé chez les femmes de la cohorte AGRICAN par rapport à la population générale. Cependant, nous avons mis en évidence une augmentation du risque de cancer de l’ovaire pour certaines expositions agricoles comme le travail dans l’élevage porcin, l’élevage de volailles et le traitement de semences. Ces résultats concordent avec certaines études antérieures, bien que celles-ci soient encore peu nombreuses et parfois contradictoires.

Les premières études sur le risque de cancer de l’ovaire en milieu agricole ont été conduites en Italie, dans les années 1980, en s’intéressant à l’exposition aux herbicides triazines. Ces études montraient un risque deux fois plus élevé de cancer de l’ovaire chez les femmes exposées aux herbicides triazines. Nous n’avons pas retrouvé ces résultats dans la population d’AGRICAN.

La plupart des études agricoles antérieures portaient sur des hommes, très peu se sont intéressées aux femmes, et encore moins au cancer de l’ovaire, qui reste un cancer relativement rare. L’étude AGRICAN fournit donc des données originales et précieuses sur ce cancer encore peu étudié. Ces résultats seront approfondis lorsque la cohorte comportera plus de cas de cancer de l’ovaire, et demandent également à être confirmés par d’autres études épidémiologiques.

Pour en savoir plus:

- Renier M, Hippert J, Louis-Bastien W, Tual S, Meryet-Figuiere M, Vigneron N, Marcotullio E, Baldi I, Lebailly P; AGRICAN group. Agricultural exposure and risk of ovarian cancer in the AGRIculture and CANcer (AGRICAN) cohort. Occup Environ Med. 2024 Feb 2;81(2):75-83.

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